« Sur un trapèze »
Le titre de cette résidence photographique fait plus qu’évoquer l’ancrage physique du campus universitaire de Bordeaux, situé sur une parcelle de forme trapézoïdale, il renvoie à une symbolique plus profonde. Le campus Victoire, qui abrite des formations en Sciences humaines, est lui-même un espace où les savoirs se balancent constamment entre différentes époques et disciplines. L’architecture du lieu, avec ses bâtiments historiques qui faisaient autrefois office de faculté de médecine et de pharmacie, semble elle-même suspendue dans un jeu de tensions temporelles et de transformations. Le trapèze devient ici un symbole de mouvement permanent et de moments suspendus : un espace de transition, où l’équilibre n’est jamais définitivement trouvé.
Car se laisser regarder par ce campus et la vie qui s’y déploie c’est osciller entre différentes temporalités et accueillir toute une polyphonie pour tisser un récit photographique au présent, entre l’Histoire, portée par les murs, les pierres des bâtiments anciens, et les vies contemporaines qui s’y déploient, marquées par l’incertitude du présent et les aspirations d’un futur encore flou. La vie universitaire, ici, n’est pas statique. Elle est constituée d’une multitude de moments entrecroisés : des recherches scientifiques qui façonnent notre compréhension du monde, mais aussi des conversations informelles entre étudiants, des questionnements intérieurs, des doutes et des passions qui façonnent le parcours de chaque individu.
Ce jeu de balancier s’illustre parfaitement dans mon travail photographique qui se déploie dans ce cadre, entre le passé et le présent, entre ce qui est tangible et ce qui échappe à la vue. L’architecture, avec ses perspectives imposantes, devient le décor d’une vie en perpétuelle évolution, où le grandiose de l’histoire académique se mêle à la fragilité du quotidien d’une jeunesse en quête de sens.
L’un des enjeux principaux de cette résidence photographique est de capter cette juxtaposition entre des temporalités multiples : l’histoire qui s’accroche à l’architecture, à la culture universitaire et les histoires minuscules qui s’y nouent tous les jours, entre des individus que parfois tout semble séparer, mais qui, pourtant, partagent un espace et une quête commune. On parle ici des « âmes et esprits des lieux », ces présences invisibles qui habitent ces murs, qui dessinent, au fil du temps, une identité propre à cet espace d’apprentissage. Le campus devient ainsi un terrain de mémoire et de projection, où se rencontrent des échos du passé et des aspirations pour l’avenir.
L’ambiance feutrée de la bibliothèque jouxte une place de la Victoire animée d’où partent souvent les manifestations. Ici, on s’initie à la complexité du monde tout en tentant de se frayer un chemin. Ici, on cherche, on se cherche, on se perd aussi parfois. Dans ce va-et-vient, entre chaque image, des points d’équilibre, entre réalité et fiction, révèleront un campus à la fois solidement ancré et nécessairement en mutation.
Novembre 2024
Sur un trapèze
Récit d’une année de résidence sur le campus Victoire en 2023/24
En itinérance sur les campus Victoire, Talence et Pessac de l’université de Bordeaux du 2 décembre 2024 au 27 février 2025.
Partenaires : Université de Bordeaux – DRAC Nouvelle Aquitaine – avec le soutien de la CVEC.
« Sur un trapèze »